La Proposition
Pierre de Saintignon 
> Source : Programme du candidatExtension du TER GV dans la grand région. A partir des infrastructures existantes, les temps de parcours entre Lille et Amiens via Arras peuvent être sensiblement réduits.
L’analyse de l’Institut Montaigne
En quelques mots
L’extension du TER GV, déjà existant sur le trajet Lille – Arras, au tronçon Arras – Amiens, permettrait de relier Lille à Amiens via Arras en 1 heure, contre environ 1h20 aujourd’hui.
À infrastructures constantes, cette extension serait mise en place par la location de rames TGV à la SNCF par la région. Ces rames transiteraient par des voies normales entre Amiens et Arras, et sur des voies grande vitesse entre Arras et Lille.
Le coût total de la mesure dépend du nombre d’allers-retours mis en place et du mode de tarification choisi. Un scénario médian, retenant une hypothèse de 5 allers-retours quotidiens, fait apparaître au total un coût pour la région de 6 M€ par an, soit 36 M€ sur l’ensemble de la mandature.
En détail
Le TER Grande vitesse (TER GV) est une solution originale développée dans la région Nord-Pas-de-Calais consistant à utiliser les lignes grande vitesse (LGV) pour le transport régional, les usagers TER payant un surplus tarifaire « grande vitesse ».
Institué à l’origine uniquement sous la forme d’un accès réservé dans les TGV existants, le TER GV s’est ensuite développé par l’affectation de trains spéciaux, via la location par la région de rames TGV à la SNCF.
À l’heure actuelle, le TER GV est déjà mis en place entre Lille et Arras, à raison de plusieurs allers-retours par jour, essentiellement sous la forme de TGV dédiés. La proposition faite par Pierre de Saintignon consiste à faire bénéficier la grande région du TER GV en l’étendant au tronçon entre Arras et Amiens.
Comme indiqué par le candidat, cette extension se ferait à infrastructures constantes. La proposition consisterait donc à mettre en place des TGV qui emprunteraient la ligne classique Amiens – Arras, pour un temps de trajet d’environ 40 minutes, avant de poursuivre vers Lille via la ligne grande vitesse (20 minutes de trajet).
Au total, cette solution permettrait de mettre en place une liaison Lille – Amiens via Arras en 1 heure de trajet, contre 1H15/1H20 de trajet actuellement.
Chiffrage du coût supplémentaire
Puisque la proposition du candidat se situe à infrastructures constantes, le seul surcoût qu’elle occasionne consiste en la location de rames TGV supplémentaires à la SNCF afin de permettre le prolongement de la ligne TER GV Lille-Arras sur le tronçon Arras-Amiens.
Le Service des Transports de la Région Picardie évaluait en 2012 le coût du prolongement du TER GV Lille-Arras vers Amiens à 1,5 million d’euros par an, pour un seul aller/retour par jour[1].
Ce chiffrage est conforté par un document communiqué dans un rapport d’études du Service d’études sur les transports, les routes et leurs aménagements (Sétra)[2] qui indique que le coût moyen du train-km TER GV est de 20,45 € (estimation de 2006).
Le tronçon Amiens-Arras représente environ 65 km. Pour un aller-retour par jour, 365 jours par an, le coût annuel serait ainsi d’environ 1 million d’euros suivant cette méthode. L’actualisation aux conditions économiques de 2015 et l’ajout de frais annexes aux frais de location des rames TGV (frais de garage notamment) permet de soutenir l’estimation de 1,5 M€ par an pour un aller-retour par jour.
Le coût total de la mesure dépendra donc du nombre d’allers-retours mis en place. Trois scénarios peuvent être avancés, en faisant l’hypothèse que le coût total est proportionnel au nombre de kilomètres parcourus et donc d’allers-retours :
- Service réduit: 2 allers-retours par jour. Le coût serait ainsi de 3 M€ par an, soit 18 M€ sur l’ensemble de la mandature.
- Service étendu: 5 allers-retours par jour. Le coût serait ainsi de 7,5 M€ par an, soit 45 M€ sur l’ensemble de la mandature.
- Service maximal: 8 allers-retours par jour. Le coût serait ainsi de 12 M€ par an, soit 72 M€ sur l’ensemble de la mandature
Chiffrage des recettes supplémentaires
Le candidat n’a pas indiqué pour le moment quelle tarification serait retenue pour les usagers. Il est néanmoins raisonnable de penser qu’une tarification similaire à celle actuellement retenue pour le trajet TER GV entre Lille et Arras serait retenue (supplément payé en plus du prix du billet de TER au titre de l’accès à la « grande vitesse »).
En ce qui concerne le trajet Lille-Arras, le coût payé par la région représente plus de 80% du coût total d’exploitation[3]. Les recettes issues du supplément payé par les voyageurs représentent ainsi moins de 20% du coût total.
Cette estimation permet de déduire les recettes suivantes, en fonction des trois scénarios retenus :
- Service réduit: recettes de 0,5 M€ environ par an, soit environ 3 M€ sur la durée du mandat ;
- Service étendu: recettes de 1,5 M€ environ par an, soit environ 9 M€ sur la durée du mandat ;
- Service maximal: recettes de 2,4 M€ environ par an, soit environ 14,4 M€ sur la durée du mandat.
Bilan
Au total, la mesure représenterait ainsi un coût de 2,5 M€ par an et 15 M€ sur l’ensemble du mandat si la région faisait le choix de deux allers-retours par jour pour le TER GV entre Lille et Amiens via Arras. Le coût serait de 6 M€ par an et 36 M€ sur l’ensemble de la mandature au cas où 5 allers-retours quotidiens seraient mis en place. Dans le cas d’un service dit « maximal » (8 allers-retours par jour), il serait de 9,6 M€ par an, soit 57,6 M€ sur l’ensemble de la mandature.
Le scénario médian retenu est le second scénario, qui permet d’assurer un service soutenu aux usagers sans occasionner des coûts trop importants pour la région.
[1]http://train.picardie.fr/Ligne-Amiens-Lille?debut_comments-list=20
[2] Service d’études sur les transports, les routes et leurs aménagements, « Transport ferroviaire régional à grande vitesse. Des exemples européens », mai 2009.